Pourquoi mon vécu fait de moi une thérapeute qui reste là où c’est inconfortable!
- Julie Dupont
- 16 juil.
- 3 min de lecture

Il y a des histoires qu’on n’invente pas. Des histoires qui marquent le corps, le cœur, la voix même. Et quand on les a traversées, on développe une autre façon d’être présente. Une façon qui ne fuit pas, qui ne minimise pas, qui n’impose pas un sourire trop tôt.
Moi, je sais ce que c’est de porter un passé qui fait mal, de devoir continuer à vivre, même avec un morceau de soi toujours en morceaux.
Et c’est ce vécu-là qui m’a appris à tenir l’espace pour l’autre, même quand ça déborde.
Le jour où on a voulu couper mes larmes
Il y a quelques mois, j’avais pris un coaching de voix. Je voulais apprendre à mieux utiliser mon outil de travail, ma voix, pour transmettre encore plus de nuances dans mes accompagnements.
Et puis, quelques jours avant une séance, j’ai appris la mort de mon père. Mon agresseur.
Je suis arrivée au cours déjà fragilisée. La chanson a démarré. J’ai essayé de chanter… et d’un coup, j’ai senti mon intérieur craquer. Comme une digue qu’on ne peut plus retenir.
Je me suis effondrée. Des sanglots incontrôlables. C’était brut. Authentique. Une vraie détresse qui remontait.
Au bout de quelques minutes, la coach de voix a essayé de m’interrompre, et m’a proposée de rechanter tout de suite, pour “me remettre dans la joie”.
Mais comment peut-on demander ça ? Comment peut-on penser qu’on peut recoller un sourire artificiel sur une douleur aussi profonde ?
Ce jour-là, j’ai compris quelque chose d’important : beaucoup de gens ne savent pas soutenir longtemps la vraie émotion. Ils veulent la calmer, la cacher, la “gérer”, mais pas la vivre.
J’ai annulé ce coaching, parce qu’il allait à l’encontre d’une de mes valeurs les plus profondes :👉 vivre pleinement, sans trahir ce qui est là.
Pourquoi je ne coupe pas une émotion
Cette expérience m’a encore plus ancrée dans ce que je fais aujourd’hui.
Quand une cliente s’effondre devant moi, je ne cherche pas à la consoler, ni à détourner son attention. Je ne mets pas un couvercle sur ce qui est en train de se libérer.
Je reste là, présente, stable, consciente de ce qu'il se passe.
Parce que je sais que les larmes ont besoin d’aller jusqu’au bout pour vraiment soulager. Parce que je sais que forcer un sourire trop tôt, c’est comme colmater une fuite sans réparer la fissure.
Et surtout… parce que moi aussi, j’ai déjà eu besoin qu’on me laisse pleurer, vraiment pleurer.
Beaucoup de thérapeutes sont bienveillants, mais ils n’osent pas toujours aller dans la pleine intensité de l’émotion. Ils craignent de rester trop longtemps dans l’inconfort, alors ils amènent des phrases rassurantes ou essaient de ramener au calme.
Moi, je sais que le calme vient après, mais d’abord, il faut accueillir la tempête.
✔ Je peux entendre les pires histoires sans détourner le regard ✔ Je peux rester présente même quand tout s’effondre ✔ Je respecte le rythme de chacun, sans forcer une “amélioration” rapide ✔ Je ne fuis pas la douleur, je l’honore comme une étape nécessaire.
C’est ça, ma différence. Ce n’est pas juste une posture professionnelle, c’est une façon de vivre, forgée par tout ce que j’ai traversé.
En résumé
Je ne crois pas à une thérapie qui maquille la souffrance. Je crois à une thérapie qui accompagne jusqu’au bout, pour que la personne se sente enfin libre de déposer ce qu’elle porte depuis trop longtemps.
Parce que moi aussi, j’ai connu cette sensation d’être laissée seule au bord de mes larmes, et je sais combien c’est précieux d’avoir, en face, quelqu’un qui peut soutenir sans fuir.
💬 As-tu déjà ressenti qu’on voulait “t’arrêter” trop vite dans ton émotion ? Ici, tu n’auras jamais à te retenir.




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